jeudi 31 décembre 2015

Ultimate Berlin

Samedi et dimanche, 3 et 4 octobre 2015

Après 8 heures d'autobus, nous arrivons à Berlin. Nous nous dirigeons vers notre hôte de couchsurfing trouvé encore une fois grâce au mot clé ultimate. D'ailleurs, c'est en écrivant à Jennifer, une canadienne de Vancouver, que nous avons été invités à participer au tournoi de 3e division de Berlin.

Le système de division européen

En europe, l'ultimate se pratique de la même façon que les ligues de football européen: la Ligue des Champions = Championnat Européen, pour y participer, tu dois terminer dans les 2 à 4 premières équipes de ta ligue 1 dans ton pays, pour être en ligue 1 tu dois soit garder ta position en ligue 1 à cause de ta fiche au travers les tournois ou soit bien performer en ligue 2 et ainsi te voir offrir une option de monter dans la grande ligue, ou encore commencer en ligue 3, et monter en ligue 2 puis en ligue 1.

Donc, la majorité de tes affrontements au cours d'une saison se font contre les équipes de ta division. C'est étonnant quand on compare avec nous au Québec qui sommes la plupart du temps enchanté de se diriger vers Boston pour le tournoi annuel afin de rencontrer des équipes de partout dans l'Est.

N'empêche que se système pourrait être une belle adaptation pour le 4c4. Je me rappelle Sébastien Labbé, grand stratège et responsable du système de pointage des tournois de la FQU, qui a déjà mentionné la possibilité de créer un tel système. 

Les avantages seraient : 1- à chaque tournoi, le calibre des rencontres serait excellent (un top 8 qui fait un round-robin, et les deux équipes plus faibles sont reléguées dans le 9-16, les deux équipes plus fortes du 9-16 montent dans le top 8 et les deux plus faibles descendent 17-24, et ainsi de suite). 2- Chaque match serait important (et non seulement le dernier du samedi parfois), 3- les rivalités seraient nombreuses et 4- on développerait les analyses et stratégies de la part des capitaines (en 45 minutes, les occasions de prendre avantage sur un adversaire grâce à la stratégie sont d'une courte durée. Tu dois, en tant que capitaine ou joueurs, trouver rapidement une faiblesse de l'adversaire ou une force de ton équipe pour remporter. Par contre, si tu joues 3 fois contre la même équipe et que tu sais que tu les affronteras au cours du prochain week-end, il devient plus facile de se préparer et de voir la compétence d'analyse augmenter chez les joueurs du CQU4).

Les inconvénients maintenant : 1- le plus gros problème est que le circuit fonctionne encore par inscription événementielle et que toutes les équipes veulent pratiquement participer aux grands événements de calibre grand chelem (ou 1000, ou AAA). Résultat : en supposant que la position 9 du tournoi de Montréal (1er tournoi grand événement) ne s'inscrit pas au tournoi de Trois-Rivières, quelle équipe prend sa place? La 11e, la 7e demeure là ou encore une nouvelle équipe qui prend sa place du genre l'équipe #3 de l'année précédente qui ne voulait pas participer à Montréal... 2- Parlant de cette équipe, quoi faire avec les équipes qui sautent un tournoi? Comment les insérer dans la structure? 3- Si une nouvelle équipe se forme, où devrions-nous la placer au premier tournoi?

Tous ses inconvénients ont des forces, il s'agit simplement de dresser la ligne, définir les règles en place et convaincre les joueurs du Québec d'être ouvert au changement, ce qui n'est jamais facile.

Le tournoi de Berlin

Dès notre arrivée au petit matin, on se joint à notre nouvelle équipe : des joueurs entre 20 et 29 ans + leur capitaine agé de 38 ans. Planning de la journée : 6 matchs d'une durée de 30 minutes chacun, avec des pulls... donc ne pas prendre son temps entre les lancers s'il vous plait! Notre équipe est de bon calibre : parmi les 10 équipes, nous savons que nous terminerons dans le top 4. Par contre, les systèmes pratiqués lors de ce tournoi sont complètement différents de ceux de l'ultimate traditionnel qu'on nous montre, à l'exception de notre équipe (yes!). Lors de ce tournoi, j'ai assisté au plus grand nombre de huck and D de ma vie. Ce système de jeu est simple : tu garoches une longue passe à ton plus grand joueur en espérant qu'il l'attrape dans la zone de but. Par contre, si ce n'est pas réussi, tu fais de la défensive et tu espères gagner au change : que l'équipe adverse commettent un revirement avant de revenir au point où tu as fait ton lancer.

Ce système a déjà fait ses preuves : dans le niveau féminin où les (très) longues passes sont maitrisées seulement par quelques joueuses (on leur donne le disque et elle lance loin afin de surprendre l'adversaire ou de gagner le positionnement du jeu), dans les niveaux faibles où les lancers sont la faiblesse des joueurs ou encore dans toutes les catégories lorsqu'il y a du vent (avec le vent dans le dos, pas question de commettre un revirement près de notre zone).

Au cours de ce tournoi, notre équipe progressait : nos stratégies évoluaient, nos passes s'amélioraient et notre défensive était meilleure. Les autres équipes elles... lançaient de la merde et de la merde. Donc, lorsque vint le temps de nos gros affrontements (match pour premier de pool + demi finale), nous avons parti les rencontres avec au minimum 3 points de retard... pour la simple raison que nous couvrions pas le fond et qu'on se disait : il n'y a aucune chance qu'il lance cette passe.... mais oui, la passe partait.

C'est à ce moment que j'ai changé ma philosophie de jouer : dans le texte de Munich, j'ai parlé des deux façons de réagir avec une nouvelle équipe. Afin de remporter le match, j'ai senti que je devais m'impliquer, motiver les troupes et donner du courage. En parlant, en les motivant, j'ai eu exactement le résultat souhaité : les joueurs ont levéé leur jeu d'un cran et nous avons rattrapé notre adversaire qui menait 6-1 pour faire 6-6... tout ça dans un match de seulement 30 minutes. La raison de cette remontée? Les joueurs croyaient en leur chance de remporter, surveillait leur joueur serré et courrait vers le fond afin d'attraper les passes.

Le problème est que... j'en ai trop fait. J'ai modifié l'équilibre et la ''hiérarchie'' de l'équipe, et merci à notre capitaine de me l'avoir mentionné le samedi soir d'une façon posée. Dès lors, j'ai compris que l'objectif n'était pas de gagner, mais bien de faire progresser les joueurs selon un système établi et de garder ce système qui a ses forces et ce peu importe l'adversité. 

En ce samedi, j'ai commis une erreur de trop vouloir m'impliquer. J'ai été chanceux que le capitaine soit un vétéran qui en a vu d'autre et qui m'a discuté professionnellement de la situation ce qui a eu pour résultat de ne pas laisser de points nébuleux pour le lendemain. D'ailleurs, malgré mon attitude (pas si négative tout de même), toute l'équipe a accepté notre invitation pour un petit souper dans le centre-villee de Berlin. 

La surprise du tournoi

Au cours d'un tournoi, on forge rapidement des amitiés avec nos coéquipiers et même nos adversaires. On prend le temps de discuter, de connaitre les secrets de la ville et parfois, on rencontre des gens comme Nicolas. Nicolas était l'un de nos coéquipiers qui tout bonnement, sans rien exigé, nous annonce qu'il quitte Berlin pour la semaine et qu'il lui ferait plaisir de nous laisser sa chambre du lundi au vendredi. Quelle chance! On profitera donc de 5 jours de repos dans un 5 et demi à nous avec des colocs, comme si on faisait partie de la gang.

Bref, l'ultimate à travers le monde, c'est des rencontres, des progrès au niveau personnnel et stratégique, des échanges de culture et surtout, des options que vous n'aviez pas pensé (restaurant secret, invitation dans des partys, invitation à dormir).

Le tournoi de Berlin fut un événement exceptionnel avec une température d'été en automne qui nous a donné encore une fois raison de trimbaler avec nous deux paires de spikes.

Prochaine destination : Autriche

samedi 12 décembre 2015

Ultimate Munich

Mercredi soir, 19h30 à 22h30

Suite à la France, notre prochain arrêt sera à Munich et Berlin. Afin de faire quelques économies (une chambre à Munich durant l'Oktoberfest coûte 60 euros pour 2!), nous nous inscrivons sur couchsurfing et nous faisons une recherche sur les personnes qui pourraient nous recevoir mais qui partagent comme point d'intérêt... l'ultimate. 

Très facilement, un américain vivant à Munich depuis 3 ans accepte notre demande de demeurer chez lui. Justin, jeune gradué de l'université Virginia ayant participé au circuit américain, nous reçoit donc chez lui et il nous invite à la pratique le mercredi soir prochain avec l'élite de Munich.

Lors de la pratique, nous rencontrons Mike, un jeune de 27 ans qui dirige le programme avec des pratiques ciblées et des drills avancés. La pratique a un très bon rythme et elle est physique. J'apprends également que Mike a participé aux championnats d'ultimate de plage au Qatar avec l'équipe mixte d'Allemagne, les champions en finale contre le... Canada et Yoland Cabot!

Habituellement, Mike dirige la pratique pour une soixantaine de personnes avec des drills et par la suite, les hommes et les femmes se séparent, mais étant donné que la saison est terminée depuis une semaine, une vingtaine de joueurs étaient présents, juste parfait pour faire un match de mixte de bon calibre.

Flick ou Backhand

Lors du match, je me rends compte que home/away ou encore flick/backhand ne sont pas des mots universels pour indiquer la marque. On se rappellera qu'en France, ils appelaient la force flick ''side'' et la force revers ''back''; et bien en Allemagne, flick se dit ''links'', signifiant gauche et coup droit se dit ''reicht'', signifiant droite. Ajouter à ses nouveaux termes le fait que lorsque nous sommes sur la ligne en train de choisir nos joueurs, nous ne comprenons aucun autre mot que ses 2 là... Après tout, à l'ultimate, si tu couvres ton joueur avec une force du bon côté, c'est déjà une bonne étape!

Lors de la partie, moi qui suit habituellement handler, je compte un nombre de points impressionnants et non, ce n'est pas parce que je suis couvert par une fille (voir prochain post sur Vienne), mais bien plus car étant donné que je suis un ''intrus'' pour eux, le plus facile pour moi afin de faire des points aura été de comprendre le système utilisé (vertical), trouver les handlers principaux (Mike) de mon équipe et de toujours cutter pour lui ou encore cutter en fonction du mouvement du disque. 

Se dépasser vs let it go

D'ailleurs, lorsque vous vous joignez à une nouvelle équipe, il y a deux façons générales d'agir en fonction des objectifs de votre présence. 

La première est de se dépasser, de jouer à votre meilleur, et donc d'insister sur le fait que vous jouez à tel position et de prendre la place que le capitaine de l'équipe vous donne. Lors de mes pratiques en France, il était courant de voir François, leader de l'équipe, me donner beaucoup de place en tant qu'handler et donc c'était à moi de distribuer le disque et de jouer comme si je faisais partie des réguliers, car c'est ce qu'il souhaitait. 

La deuxième est plus subtile, mais c'est la plus importante si l'on souhaite être réinvité dans le futur : prendre un trou et jouer humblement. Suivre le jeu de l'équipe que vous vous joignez, et apprécier votre chance de jouer à leur côté. Oubliez la victoire ou la défaite... LET IT GO! 

En tant que canadiens (nous sommes bien perçus à la base) qui ont des parcours internationaux bien garnis (3 championnats de monde (Jessica 2, moi 1), participation US Open, entraineur équipe professionnelle), il serait facile  de vouloir tout contrôler autant sur le jeu qu'à l'extérieur. Vous remarquerez  d'ailleurs qu'à Berlin, j'ai agi de la première façon alors que la deuxième aurait été mieux! 

L'objectif derrière prendre un trou est que lorsque vous vous joignez à une équipe, la plupart du temps cette dernière évolue selon un plan. Elle a déjà en place son handler qui contrôle le jeu, son cutter de premier plan et son joueur défensif qui dirige la circulation. Votre ajout devient donc une addition à cette structure. Votre jeu consiste alors à comprendre le système, l'appliquer et de vous y conformer à 100%, et ce même si vous n'êtes pas en accord. Rappelez-vous que vous êtes là temporairement, tandis que l'équipe elle, elle progresse depuis X temps et poursuivra suite à votre départ. 

Si par ailleurs vous êtes complètement en désaccord avec ce que vous voyez, n'hésitez pas, suite à votre passage, d'écrire un courriel de remerciement aux capitaines et/ou joueurs en plus d'émettre vos commentaires de façons constructives. Des commentaires de visiteurs, lorsqu'ils sont bienfaits, sont toujours appréciés par les personnes que vous rencontrerez!

À Munich, j'ai agi de la deuxième façon, let it go, et je me suis redécouvert : des cuts précises, un excellent timing et plusieurs points. Cela aura eu pour effet de recevoir plus de responsabilités au cours de la partie, mais surtout d'avoir la chance d'être invitée pour l'après-bière, car votre façon de jouer reflète votre personnalité ou du moins votre mindset, et je peux vous garantir qu'il est difficile de battre une petite bière allemande en compagnie de munichois (prononcé kois) après un dépassement physique.

Prochain rendez-vous : tournoi de Berlin!